Je suis un homme et j’ai mal à mon sexe : réponse à la fameuse balle de golf derrière les testicules.
Pour une fois, j’ai décidé de dédier un texte exclusivement à la gente masculine. Faque à mes fidèles lectrices (je sais bien que vous êtes beaucoup plus nombreuses que nombreux à me lire !), je vais avoir besoin de votre aide pour véhiculer le message au public cible. Distribuez autour de vous, partagez ! Ouvrez la discussion, vous verrez qu’il y ait de bonnes chances que vous découvriez un terreau fertile ! Mais, mesdames, ne vous sentez pas exclue car une bonne partie de ce qui sera écrit s’applique aussi à vous. Et le mois prochain, je me rattrape en vous dédiant la version féminine de ce même texte. Parce que les femmes aussi sont nombreuses à avoir mal à leur sexe.
J’ai décidé de dédier un texte exclusivement à la gente masculine. Parce que vous vous sentez littéralement seuls dans votre situation et pourtant vous êtes de plus en plus nombreux à me consulter. Tout un paradoxe celui-là que d’avoir une multitude d’hommes à souffrir seuls et en silences de la même dysfonction. Et c’est là que ça commence pour vrai la lueur d’espoir ici. Non, pas dans le fait que vous soyez nombreux à souffrir, mais dans la découverte qu’il s’agit d’une DYSFONCTION. Pas une maladie. Votre prostate ? Elle est « just fine ». Votre vessie ? « Same thing ». Pis ben non, il n’y a pas d’infection. Pas de prostatite, pas d’infection urinaire, pas d’ITSS (infection transmise sexuellement ou par le sang - anciennement connues sous MTS). Ben quin, les antibios « just in case » n’ont rien donné ; il n’y a pas d’infection à traiter ! Vous m’arrivez bien trop souvent mal en point dans votre corps et dans votre tête. Dans votre corps parce que vous souffrez. Et que la batterie de tests passés chez l’urologue ne sont pas non plus très « jojo ». Votre sexe a été sans contredit malmené. Des caméras dans l’urètre et/ou dans l’anus. Des échantillons d’urine, de sperme, de selles. Des biopsies de la prostate. Des échographies, Scan ou IRM. Votre tête est mal en point : test après test, le drame ce n’est pas qu’on trouve quelque chose de grave, c’est qu’on ne trouve rien ! Tout est normal ! Antibio : peut-être une légère amélioration ? ou pas. En tout cas, ça ne dure pas. Et s’il y a eu soulagement, on peut fort probablement pointer du doigt l’effet placebo. Des médicaments pour la vessie, pour la prostate… Même résultat décevant.
Tout est beau, tout est normal. Mais la douleur, elle, est toujours là … Votre tête souffre de ne rien trouver d’anormal dans votre corps douloureux. C’est là que je réitère : il s’agit d’une dysfonction. Mais que veut dire « dysfonction » ? C’est l’ensemble des difficultés d’adaptation d’une unité à son contexte. Hein ? Un peu indigeste comme définition, je l’avoue. L’unité dont on parle, ici, c’est le périnée, aussi appelé plancher pelvien. Je peux facilement me l’imaginer, plusieurs hommes auront des points d’interrogation dans les yeux en lisant « plancher pelvien ». Alors allons-y d’un peu d’anatomie et physiologie : le plancher pelvien est le groupe de muscles, de ligaments, de nerfs et de tissus qui supportent les organes principaux du bas de l'abdomen (vessie, rectum, intestin) et au travers duquel passent les canaux externes (urètre et rectum). Il aura donc de nombreux rôles à jouer dans le corps. Premièrement, il supporte les organes pelviens dans le bassin, tel qu’indiqué dans la définition. Deuxièmement, il a un rôle à jouer dans le maintien de la continence et dans le stockage, tout comme dans l’évacuation des urines, gaz et selles. Troisièmement, il entre en jeu dans l’activité sexuelle en permettant l’érection et le maintien de celle-ci et dans l’atteinte de l’orgasme. Finalement, lorsqu’il se coordonne avec les abdominaux profonds, le diaphragme et de petits muscles le long de la colonne vertébrale nommés multifides, le périnée devra assurer la stabilité du bassin et du bas du dos. Revenons à notre « décorticage » de la définition de dysfonction. Le périnée à des difficultés d’adaptation à son contexte. Le contexte dont on parle ? Ben, si on prend ça large, votre corps. Ou plutôt le fonctionnement de votre corps. Alors donc le périnée à de la difficulté à s’adapter au fonctionnement de votre corps. Il a de la difficulté à coordonner tous ses rôles ensembles. Les muscles ne savent plus quand contracter, ne savent plus quand relâcher. Scoop : la majorité des douleurs périnéales (aka dans la région du périnée) proviennent de muscles hypertoniques (aka trop tendu, contracté en permanence, manquant de souplesse, etc). Et c’est là que ça fait mal. Mais pourquoi ça fait mal ? Démonstration : serrez fortement votre main pour en faire un poing. Et gardez serré. Une minute. Deux minutes. Cinq minutes. Commencez-vous à sentir ce que je veux dire ? Ben imaginez maintenant vos muscles du périnée contractés … all day long … all day … all day long !
Les dysfonctions douloureuses du périnée peuvent se présenter sous plusieurs déclinaisons, mais la sensation d’une balle de golf derrière le scrotum, les testicules, à la place de la prostate ou dans le rectum reviennent très régulièrement. La balle de golf peut souvent se transformer en balle de feu, en urine bouillante au moment de faire pipi ou en sperme tout aussi chaud à l’éjaculation. L’érection peut accentuer la douleur. Une autre zone où la douleur culmine assez souvent chez l’homme : le gland du pénis. La peau peut sembler trop petite et le serrer, le gland peut brûler, des sensations de choc électrique peuvent se manifester, des aiguilles ou lames de rasoir peuvent le traverser en urinant. La douleur peut s’étaler vers les testicules, l’aine, le bas ventre, le coccyx, les fesses… Déféquer peut aussi s’avérer l’enfer. Bref, c’est loin d’être drôle ce qui se passe dans vos culottes. Les premiers pas de la guérison seront de retrouver le contrôle volontaire de la musculature du plancher pelvien. Apprendre à détendre ou contracter avec dextérité (comme vous savez le faire avec votre poing). Étirer, assouplir, détendre mais aussi contracter, renforcer. Viendra ensuite (ou simultanément, c’est selon) l’exploration. Explorer les rôles du périnée pour comprendre où et comment il a perdu sa coordination. Dans son rôle de soutien aux organes ? De continence ? De stockage et/ou d’évacuation ? Dans son rôle sexuel ? Dans celui de stabilisation du bassin et du bas du dos ? Peut-être trouverons-nous de mauvaises habitudes qui précipitent le plancher pelvien vers une dysfonction. Peut-être trouverons-nous des collaborateurs trop peu actifs dans le rôle de stabilité du dos et du bassin, balayant l’excédent de boulot au plancher pelvien… Peut-être devient-il crispé de part cette surcharge. Et c’est exactement mon boulot en tant que physiothérapeute en rééducation périnéale et pelvienne ; analyser l’ensemble des données et facteurs pour voir où se situe la source du problème et vous aidez à vous en débarrasser une bonne fois pour toute et ainsi ramener l’harmonie dans votre périnée.
Vous serez d’accord avec moi qu’une balle de golf est beaucoup plus amusante au sol sur un beau green avec un putter entre vos mains plutôt que dans votre rectum. Restez à l’affût, un périnée sans handicap bientôt disponible chez une physiothérapeute près de chez vous !