La douleur pelvienne et périnéale
La présence de douleurs dans les régions pelvienne et périnéale peut avoir plusieurs origines. Pour cette raison, le traitement de cette condition revêt une certaine complexité et demande un doigté particulier. Le traitement de la douleur pelvienne et périnéale autant chez l’homme que chez la femme peut être considéré comme une sous-branche particulière de la rééducation périnéale et pelvienne. Une formation adéquate et poussée dans ce domaine est requise afin d’offrir un traitement efficace et de qualité.
Peu importe l’origine de la douleur, lorsque l’homme ou la femme souffre de douleur périnéale au moment des relations sexuelles, cette douleur est appelée dyspareunie.
Les douleurs périnéales chez la femme:
Chez la femme, les douleurs périnéales les plus simples à expliquer sont celles survenant suite à un traumatisme direct aux muscles ou aux tissus mous du périnée tel l’accouchement vaginal. En effet, l’accouchement vaginal provoque parfois des déchirures au niveau du périnée. Ces déchirures entraînent la formation de cicatrices adhérentes et peu souples ainsi qu’une hypertonicité des muscles blessés (muscles tendus). Les douleurs seront alors principalement ressenties lors de la pénétration vaginale puisque qu’un étirement forcé de la cicatrice et du muscle enraidi est créé. Les cicatrices lors de chirurgies endovaginales peuvent entraîner la même problématique. Un programme de relâchement et d’étirement musculaire associé au massage et à l’assouplissement de la cicatrice règlera la situation.
La vulvodynie dermatologique crée chez la femme qui en souffre de la douleur et des démangeaisons au niveau de la vulve en raison d’une atteinte cutanée. Elle peut être causée par une ITS (infection transmise sexuellement) tel l’herpès génital, des condylomes, etc. Des cellules atypiques précurseur de cancer peuvent aussi provoquer de telles douleurs. Une maladie cutanée telle le lichen scléreux, lichen plan, lichen simplex provoque aussi une vulvodynie dermatologique. De telles conditions entraînent souvent une rétraction et une perte de souplesse des tissus vulvaires et/ou vaginaux, l’apparition de fissures, etc. La rééducation périnéale et pelvienne aura alors comme buts de soulager la douleur et de restaurer la souplesse de ces tissus. Les habitudes de vie et d’hygiène seront aussi modifiées si nécessaire. Afin de régler cette problématique, il est indispensable de travailler de pair avec un gynécologue et/ou dermatologue spécialisé dans ces affections afin de traiter la condition cutanée.
La vulvo-vaginite cyclique provoque des démangeaisons. Ces démangeaisons sont le symptôme d’une infection soit microbienne, soit mycosique (champignon), soit parasitaire qui est récurrente de façon cyclique en lien avec les changements hormonaux (menstruations, ménopause). Ces infections récurrentes provoquent de micro-cicatrices et une perte de la souplesse des tissus vaginaux et vulvaires. Tout comme pour la vulvodynie dermatologique, la rééducation périnéale et pelvienne permettra de modifier des habitudes de vie et d’hygiène inadéquates et aura pour buts de soulager la douleur et de restaurer la souplesse de ces tissus.
Les deux conditions présentées ci-haut, c’est-à-dire la vulvodynie dermatologique et la vulvo-vaginite cyclique ont une étiologie (cause) médicale connue. Par contre, deux autres types de vulvodynie, soit la vestibulodynie vulvaire et la vulvodynie essentielle, se présentent en l’absence de pathologies médicales identifiables et sont donc d’origine inconnue.
La vestibulodynie vulvaire, anciennement connue sous le nom de vestibulite vulvaire, est caractérisée par une inflammation du vestibule vulvaire. Elle se caractérise par un érythème (rougeur) du vestibule (voir l’image ci-jointe) ainsi qu’une douleur très localisée au niveau du vestibule (zone située entre 3 et 9 heures de l’ouverture vaginale) lors du toucher ou de la pression. Cette douleur pourrait aussi survenir de façon spontanée. Elle peut être de forme primaire, c’est-à-dire qu’elle survient dès la première relation sexuelle ou l’insertion du premier tampon. Si elle est de forme secondaire, c’est-à-dire qu’elle survient après de nombreuses années de relations sexuelles sans douleur, un dépistage des conditions médicales, d’intolérance ou d’allergie et des habitudes de vie doit être fait. Dans le cas de la vestibulodynie vulvaire, la rééducation périnéale et pelvienne permettra d’adapter adéquatement les habitudes de vie et d’hygiène ainsi que la détente et la désensibilisation de la région douloureuse.
La vulvodynie essentielle présente un portrait clinique différent de la vestibulodynie vulvaire dans le sens où les douleurs sont plus diffuses, d’intensité généralement moins grande et affecte une région plus large pouvant inclure la région urétrale, rectale, pelvienne et lombaire. Les symptômes de cette problématique sont plus inconstants (ex: le toucher du vestibule provoque parfois de la douleur, parfois aucune). Il n’y a pas ou peu d’érythème (rougeur) au vestibule. Dans le cas de la vulvodynie essentielle, la rééducation périnéale et pelvienne visera les mêmes objectifs que pour la vestibulodynie vulvaire.
Finalement, la femme peut présenter une problématique de vaginisme. Il s’agit d’un spasme (contraction involontaire) récurrent ou persistant des muscles du plancher pelvien qui interfère ou empêche la pénétration vaginale. La tentative de pénétration au niveau de cet espace vaginal rétréci peut alors être une expérience très douloureuse pour la femme et nuire à sa vie sexuelle. La rééducation périnéale et pelvienne permettra d’acquérir un contrôle sur cette contraction involontaire du plancher pelvien par des techniques de relaxation, de relâchement musculaire conscient et d'étirement.
L’endométriose est une autre source de douleur chez la femme. Bien que la rééducation périnéale et pelvienne ne traite pas l’endométriose, il est possible d’améliorer la qualité de vie de celles qui en souffrent en assouplissant les tissus du périnée, du vagin, du bassin et de la paroi abdominale. En effet, le sang libéré dans les différentes cavités du corps lors des menstruations est sujet à créer des adhérences tissulaires ; ces adhérences sont souvent une source de douleur et d’inconfort.
Les douleurs périnéales chez l’homme:
L’homme peut souffrir d’urétrite, une douleur localisée à l’urètre souvent occasionnée par une ITS (infection transmissible sexuellement) telles le gonocoque ou la chlamydiae. Cette condition doit être traitée de façon médicale.
Une autre cause de douleur chez l’homme est l’épididymite chronique, douleur cette fois-ci ressentie au niveau du scrotum. Cette condition doit être traitée de façon médicale.
La prostatite se classifie en quatre catégories:
- Catégorie I: prostatite bactérienne aigue est créée par une infection bactérienne de la prostate.
- Catégorie II: prostatite bactérienne chronique est souvent due à une prostatite bactérienne aigue inadéquatement traitée.
- Catégorie III: prostatite chronique / syndrome pelvien douloureux chronique, bien que classée sous le terme prostatite, il est désormais admis par le corps de recherche en urologie que la prostate n’est pas un facteur déterminant dans ce type de douleur. Tout comme dans le cas de la vestibulodynie vulvaire ou de la vulvodynie essentielle chez la femme, le syndrome pelvien douloureux chronique chez l’homme se présente en l’absence de pathologies médicales connues et est donc d’origine inconnue. Ce syndrome englobe un large spectre de symptômes tels une douleur anorectale, pénienne, sus-pubienne, périnéale, coccygienne et lombaire.
- Catégorie IV: prostatite inflammatoire asymptomatique est une infection bactérienne de la prostate non symptomatique qui est dépistée par coïncidence par le biais d’autres examens médicaux.
Seule la catégorie III: syndrome pelvien douloureux chronique représente une indication de traitement en rééducation périnéale et pelvienne. La rééducation périnéale et pelvienne permettra d’adapter adéquatement les habitudes de vie et d’hygiène ainsi que la détente et la désensibilisation de la région douloureuse.
Le syndrome du cycliste est une condition affectant en majorité la gente masculine (bien que pouvant aussi survenir chez la femme). Il survient lors de l’irritation ou de la compression du nerf honteux aussi nommé nerf pudendal (voir l’image ci-jointe) causée par le fait de supporter une grande partie du poids corporel sur une petite surface rigide (siège de vélo) pendant de longues périodes. Ce syndrome peut créer des symptômes d’engourdissement ou de douleur périnéale, d’incontinence ou de dysfonction érectile.
Les douleurs pelviennes:
Les douleurs pelviennes couvrent une région plus large, englobant le bassin osseux, ses articulations ainsi que les viscères qu’il contient (ex: vessie).
Une des sources de douleur pelvienne la mieux connue est la cystite bactérienne (infection urinaire), plus fréquente chez la femme que chez l’homme. Elle provoque une douleur sus-pubienne et de la douleur lors de la miction. La fréquence urinaire est augmentée. Les urines sont généralement troubles et peuvent sentir mauvaises. Parfois, du sang est visible dans les urines.
Les douleurs pubiennes sont plus fréquentes chez la femme que chez l’homme, surtout durant la période péri-natale (durant la grossesse, à l'accouchement, et durant le post-partum). Les changements hormonaux entourant la grossesse entraînent une augmentation de la laxité des ligaments. Ainsi, les douleurs pubiennes peuvent êtres provoquées par une déchirure de la symphyse pubienne (diastase de la symphyse pubienne) ou bien par un débalancement de tension des muscles s’y attachant.
De même, les douleurs sacro-iliaques sont aussi plus fréquentes chez la femme durant la période péri-natale (durant la grossesse, à l'accouchement, et durant le post-partum) mais peuvent tout de même survenir à une autre période et peuvent survenir chez l’homme. Les mêmes changements hormonaux additionnés du changement postural, d’un débalancement de tension des muscles s’y attachant ainsi qu’un traumatisme lors de l’accouchement peuvent provoquer ces douleurs.
Les douleurs coccygiennes peuvent êtres causées par un traumatisme lors de l’accouchement vaginal, par une chute sur les fesses, par une hypertonie des muscles s’y attachant ou bien par l’avulsion des muscles du périnée s’y attachant (déchirure du tendon maintenant le muscle attaché à l’os).
La cystite interstitielle peut aussi être une source de douleur et avoir des impacts importants sur la qualité de vie. Il s’agit d’une inflammation chronique de la vessie dont l’on ne connait pas encore la cause (d’origine non-bactérienne). Bien qu’étant une maladie chronique, la rééducation périnéale et pelvienne est bénéfique chez les femmes et les hommes souffrant de cystite interstitielle afin de restaurer au mieux possible la fonction de la vessie et de mieux contrôler les douleurs.